Marguerite Blouët en 1945, aux côtés de Philippe Texier-Hugou, le maireP341860Marguerite Blouët en 1945, aux côtés de Philippe Texier-Hugou, le maire25d6278036g
©Marguerite Blouët en 1945, aux côtés de Philippe Texier-Hugou, le maire|COLLECTION PRIVÉE FLORENCE BUACHE

Ces femmes qui ont marqué l'Histoire

Les femmes ont joué un rôle important dans l’histoire de Villedieu-les-Poêles et de ses environs, contribuant à façonner l’identité et le patrimoine de ce territoire. Qu’elles soient dentellières, institutrices ou figures engagées, ces femmes, souvent restées dans l’ombre, ont pourtant marqué leur époque par leur courage, leur détermination et leur savoir-faire. De la dentellière Anna Roblin à Blanche Maupas, en passant par Marguerite Blouët, première femme élue à Percy, ces destins inspirants témoignent de leur impact durable sur la société locale. À travers leurs actions, elles incarnent l’histoire vivante d’une région riche en traditions et en résilience.

Blanche Maupas le combat pour la justice

Blanche Maupas (1883-1962) est une figure emblématique de la lutte pour la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple » pendant la Première Guerre mondiale. Originaire de la Manche, elle était institutrice et l’épouse de Théophile Maupas, instituteur lui aussi et mobilisé en 1914. Blanche Maupas a occupé plusieurs postes dans l’enseignement. Le 1er janvier 1912, elle est nommée, avec son mari Théophile Maupas, au Chefresne. Après la guerre, en 1919, elle rejoint Montbray avant de devenir directrice de l’école de filles de Sartilly en septembre 1922. Sa carrière témoigne de son engagement pour l’éducation.

En 1915, Théophile Maupas, alors caporal, est exécuté pour insubordination avec trois autres soldats du 336ᵉ régiment d’infanterie, après un procès expéditif visant à punir collectivement les mutineries sur le front. Persuadée de son innocence, Blanche consacra sa vie à réhabiliter son mari et à dénoncer l’injustice subie par les fusillés pour l’exemple.

Après des années de combat, ses efforts contribuèrent à la reconnaissance officielle de l’injustice par les autorités françaises. En 1934, elle obtint la réhabilitation de son mari, un symbole majeur dans la lutte contre les exécutions arbitraires. Blanche Maupas incarne aujourd’hui la détermination face à l’injustice, ainsi que la mémoire des soldats injustement condamnés.

Marguerite Blouët Une pionnière de l’engagement public

Marguerite Blouët (1899-1986) fut une pionnière de la représentation féminine et de l’engagement social à Percy-en-Normandie. Née dans l’Orne, elle grandit à Percy où son père, Gustave Blouët, fut maire et conseiller général. Célibataire et indépendante, elle incarna un modèle rare pour son époque, notamment après la mort de son fiancé durant la guerre.

En 1945, lors des premières élections ouvertes aux femmes en France, Marguerite Blouët fut élue conseillère municipale à Percy avec le meilleur score, devenant ainsi la première femme élue dans la commune. Deux ans plus tard, elle accéda au poste de deuxième adjointe, qu’elle occupa jusqu’en 1965.

Avant son engagement politique, elle servit comme volontaire auprès des grands blessés en 1917 et travailla dans l’humanitaire jusqu’en 1940. De retour à Percy, elle devint assistante sociale et responsable de la Croix-Rouge sur trois cantons. Elle créa un dispensaire, un service gratuit pour bébés et donna des cours de formation pour infirmières secouristes.

Connue pour son caractère déterminé et son dévouement, Marguerite Blouët a marqué l’histoire locale. Décédée en 1986, son parcours exemplaire reste toutefois méconnu, malgré son rôle pionnier dans la commune.

Anna Roblin La dernière gardienne d’un artisanat ancestral

Anna Roblin (née Loyer) est une figure locale de Villedieu-les-Poêles, née en1878 dans une famille ancrée dans les métiers traditionnels : son père, Émile-Henry Loyer, était chaudronnier, et sa mère, Virginie Anna Engerran, était dentellière. Anna a suivi la voie de sa mère en devenant dentellière, perpétuant un savoir-faire artisanal emblématique de la région.

Mariée à Auguste Désiré Roblin, chaudronnier, elle a décrit avec précision sa vie de dentellière dans un témoignage exceptionnel recueilli par le musée de Normandie en 1950. Elle y évoque les longues journées de travail, souvent éclairées par une simple bougie, les techniques artisanales, les salaires modestes, ainsi que l’atmosphère des ateliers, rythmée par des chants populaires.

Décédée en 1952, Anna a continué à pratiquer cet art jusqu’à la fin de sa vie, souvent installée devant sa maison, attirant l’admiration des passants. Elle est considérée comme l’une des dernières dentellières de Villedieu-les-Poêles, incarnant la persévérance et la passion d’un métier qui a marqué l’histoire locale.

Fermer