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©Prise de la Bastille|Jean-Pierre Houël

La Révolution à Villedieu-les-Poêles

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De commanderie religieuse à bastion républicain : la Révolution à Villedieu-les-Poêles

Nous sommes à Paris, le 14 juillet 1789, et la révolte gronde. Le soir-même, le peuple s’empare des armes stockées à la Bastille. D’abord parisienne, cette rébellion s’étend aux différentes provinces françaises… jusqu’à atteindre Villedieu. La cité sourdine prend, contre toute attente, une part active à la Révolution française. Cette soif de réformes change radicalement le paysage social, politique et économique de la ville. Citoyens, enfilez votre bonnet phrygien, nous vous emmenons à Villedieu sous la Révolution !

Une commanderie historique

Avant 1791, Villedieu-les-Poêles est une commanderie, c’est-à-dire un territoire géré par un ordre militaire et religieux. La commanderie est non seulement un centre de pouvoir spirituel mais aussi un centre administratif local. Les hauts membres des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem gouvernent la ville, influençant grandement la vie quotidienne et l’organisation sociale de la commune qui n’a de comptes à rendre à personne sinon au Pape.

1791 sonne le glas des ordres religieux et la commanderie de Villedieu cesse d’exister. Cette abolition officielle marque la fin d’une époque et le début d’une profonde transformation tant à Villedieu que dans le reste de la France.

Grand Maître de l'Ordre de Malte | Jean de la Vallette-ParisotGrand Maître de l'Ordre de Malte | Jean de la Vallette-Parisot
©Grand Maître de l'Ordre de Malte | Jean de la Vallette-Parisot|Antoine de Favray
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    ©P1130528

      Un nouvel élan économique et un vent de républicanisme

      Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les bourgeois et les marchands de Villedieu voient la Révolution d’un bon œil.  Adieu les anciennes mesures et poids spécifiques à Villedieu et qui compliquaient le commerce avec les autres régions ! Désormais, les étalonnages sont centralisés et cette harmonisation des mesures permet de fluidifier le commerce, ouvrant la voie à une plus grande prospérité économique pour la ville.

      Cette même année 1791, Jean-Baptiste Mauviel est nommé maire. Figure républicaine à la lignée intimement liée au commerce du cuivre, Mauviel incarne cette nouvelle ère de gouvernance locale.

      La Révolution apporte aussi du renouveau dans l’urbanisme. On retire la grande croix de la Place de la République et on la remplace par une pyramide dédiée à l’Être Suprême, symbole des idéaux révolutionnaires. Plus tard, cette pyramide est remplacée par une statue de Marianne, commémorant le bicentenaire de la Révolution et toujours visible actuellement.

      Les Sourdins contribuent à la Révolution

      La jeune et fragile République ne manque pas de se faire bon nombre d’ennemis, tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’étranger, et la demande en armes et canons explose. À Villedieu, huit entrepreneurs se réunissent pour financier la construction d’une manufacture commune destinée à produire des canons pour les Républicains. On réquisitionne les encensoirs et autres mobiliers d’église pour les faire fondre. Plus tard, face à la pénurie de matière première, le Comité de Salut public recommande également d’utiliser du métal de cloches au lieu du cuivre.

      La fonderie fonctionne à plein régime, d’autant plus qu’elle est en concurrence avec celle de Saint-Lô pour obtenir la qualification de manufacture nationale de département ! Les nombreux ouvriers s’appliquent au travail, bien conscients que si la manufacture venait à fermer, ce serait le chômage et la misère pour les uns, l’Armée pour les autres…

      Villedieu devient une ville révolutionnaire exemplaire et Jean-François Besnou, secrétaire local des Armes, écrira dans une lettre : “Nous travaillons pour la destruction des tyrans… et la prospérité de la République”.

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      ©Unite Indivisibilite De La Republique
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        ©Image 1

          Villedieu dans la tourmente

          Deux ans plus tard, en 1793, Villedieu est attaquée par les Vendéens durant la Virée de Galerne. Terrifiés à l’idée que les royalistes s’emparent des canons produits par la manufacture, les Sourdins les jettent dans la Sienne. Cette incursion royaliste fera 18 morts parmi les habitants. D’ailleurs, cet épisode de notre histoire fait l’objet d’un roman de Victor Hugo intitulé « Quatre-vingt-treize ».

          Malgré quelques réticences isolées, les habitants ont rapidement adopté les valeurs de la République. Les changements apportés par la Révolution ont permis à Villedieu de s’aligner économiquement et politiquement avec le reste de la France, tout en préservant sa riche histoire et son identité unique.

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